Des photos pour aider les réfugiés ? Adjugé !

Des photos pour aider les réfugiés ? Adjugé !

Des photos vendues aux enchères pour venir en aide aux réfugiés
07 December 2016
par makesense
4 minutes de lecture

Vendre aux enchères des tirages photo de qualité ET récolter des fonds pour une association d’aide aux réfugiés : c’est le pari de deux jeunes femmes qui souhaitent faire d’une pierre deux coups en redonnant de la valeur au photojournalisme dans ce qu’il a de plus noble tout en participant aux causes qui leur tiennent à coeur. Première vente vendredi, on fait déjà des stocks de cadres.

“Ce n’est pas un concept, c’est un projet.” Susie Loevenbruck, co-créatrice des Déclencheurs, tient à ce que l’idée qu’elle développe avec son amie Claire Taddeï ne soit pas simplement vue comme une idée qui n’existe que parce qu’elle est cool. Et de fait, c’est davantage que ça : selon elles, il est possible de jouer aux commissaires-priseurs new school en vendant de belles photos, et ainsi aider financièrement une structure qui travaille directement avec des réfugiés en difficulté. Il va falloir nous prouver votre bonne foi, les filles… Et Susie, qui a répondu entre deux métros à 5 questions-clés sur son projet, s’en sort plutôt bien.

Concrètement, c’est quoi, les Déclencheurs ?

Notre idée, c’est d’utiliser le photojournalisme pour sensibiliser, et réussir à lever des fonds. On essaie de valoriser de jeunes photojournalistes qui font un travail de terrain approfondi et qui commencent à être diffusés dans les médias. En fait, c’est une sorte de boucle : on utilise les photos de ces photographes pour lever des fonds pour les verser à la cause à laquelle ces photos sont liées. Pour notre première vente aux enchères de photos ce vendredi, on travaille donc avec des gens qui ont fait un travail photo sur les réfugiés pour lever des fonds pour l’association Singa, en particulier la Fabrique, qui va favoriser l’entrepreneuriat pour les réfugiés.

L’idée, ensuite, c’est de dupliquer ce format-là pour mobiliser un public autour d’autres ventes qui présentent des photos qui racontent d’autres causes. On va voir si le premier événement fonctionne, et si oui, on continuera sur d’autres causes. Et les causes sociales, ce n’est pas ça qui manque.

Une vente aux enchères, c’est pas un peu snob comme écrin ?

L’idée, c’est justement de détourner l’image un peu “vieux jeu” de la vente aux enchères comme on l’imagine, à la Drouot et compagnie. On s’est dit que ça pouvait être le moyen de lever un peu plus d’argent, si les photos sont bonnes, et que ça serait l’idée de soirée la plus prenante pour que ça marche, davantage qu’une exposition ! C’est une question de mise en scène, en fait.

Disons que je vienne à votre première vente ce vendredi. Qu’est-ce que j’y trouve ?

Si tu viens spécialement pour acheter, tu vas tomber sur des photos qui seront projetées. On travaille avec un labo photo qui nous a offert le tirage, et on les remercie vraiment car c’est un cadeau très précieux pour nous. On aura donc 50 photos à proposer, en 30×45, et la vente se passera debout, à main levée. On va présenter les tirages grâce à un duo d’animateurs : Olivier Morin, qui est animateur de e-sport dans la vraie vie et qui sait donc galvaniser les foules, et une doctorante qui travaille la représentation des réfugiés dans la presse. On aura donc un chouette duo avec un animateur et une spécialiste. On commencera par présenter les Déclencheurs, puis Singa, pour ensuite laisser la place aux photographes qui vont présenter leur travail de manière générale. Et ensuite, place aux enchères, le prix de base est de 40 euros. C’est une grande première, on ne sait pas du tout si ça va marcher, c’est un pari !

Vous pensez voir qui à cette vente ?

On imagine voir de jeunes gens actifs et sensibles aux causes sociales. Au final, on sait bien que les achats seront faits de manière plus symbolique, que la photo est une forme de cadeau pour avoir participé au soutien à une cause et à une asso. Du coup, on espère voir des trentenaires qui aimeraient s’engager, et qui ne savent pas comment. Et on espère leur proposer un projet sympa qui leur permette de jouer un rôle, et de raccourcir le processus d’engagement. C’est presque un don, mais c’est un don gratifié.

Vous voulez soutenir le photojournalisme ou aider à sauver le monde, du coup ?

Les deux ! J’ai fait mon mémoire sur le photojournalisme et ses mutations, j’ai donc rencontré beaucoup de jeunes qui avaient passé trois mois à Calais par exemple, ou qui avaient fait la route des migrants. Quand on a eu l’idée avec Claire, ça nous a semblé évident de les contacter eux, au vu de leur engagement dans leur travail et de la qualité de leurs photos. Chaque photographe va toucher 10% sur les ventes, c’est symbolique mais c’est important pour nous sur le principe. On est soutenus par le photoreporter Thomas Dworzak, qui bosse pour la légendaire agence Magnum, par le photographe documentaire palestinien Raed Bawayah, et par le photoreporter syrien Zakaria Abdelkafi qui seront à la soirée. Ils prouvent par leur présence que c’est davantage qu’un medium pour nous, la photo ! C’est ce qu’on aime, ce qu’on a envie de défendre, et c’est un super vecteur d’information, donc on s’est dit que c’était l’outil idéal pour parler aux gens !


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